Kooperationsprojekt
Herméneutique et méthode: entre logique et philologie
Hermeneutik und Methode: Zwischen Logik und Philologie
(Philosophie)
(Berlin)

CNRS Centre Marc Bloch
Centre franco-allemand de recherches en sciences sociales

Postadresse: Schiffbauerdamm 19, 10117 Berlin
Telefon: 030-20 93 37-95
www.cmb.hu-berlin.de/cmb/

Projektleiter

Prof. Dr. Denis Thouard
thouard@cmb.hu-berlin.de

Rückschau

Vorträge und Forschungsreisen der Projektleiter/Mitarbeiter

Projektbeschreibung

Herméneutique et méthode: entre logique et philologie

Ce projet s'inscrit dans le cadre d'une réflexion sur le statut des sciences de la culture qui entend déplacer l'opposition entre les sciences sociales et les humanités. Il s'agit d'interroger les conditions générales de la théorie de l'interprétation afin de mieux penser la spécificité des sciences de la culture, et notamment leur méthode. Le défi qu'ont à relever de telles sciences est de parvenir à constituer une objectivité sans pour autant se dissoudre dans un objectivisme qui n'aurait plus que les dehors de la science et serait incapable d'honorer la complexité des phénomènes culturels, sociaux et historiques. De l'autre côté, il ne leur faut pas renoncer à une visée de connaissance et d'explication, en déclarant le domaine de la culture irréductible à la connaissance.

Depuis une dizaine d'années, on assiste, principalement en Allemagne, à un renouvellement important de l'historiographie de l'herméneutique qui met en lumière les apports méthodologiques de l'herméneutique générale de l'Âge classique (L. Danneberg, A. Bühler, W. Alexander, O. R. Scholz, J. Schönert et alii). Dans ses premières formulations explicites en effet, l'herméneutique est une partie de la logique et vise donc à une connaissance. Par ailleurs, l'herméneutique hérite de la tradition exégétique, qui vise à extraire la signification pour un usage déterminé d'un texte reconnu comme canonique, que ce soit dans le domaine juridique, théologique ou littéraire. Ainsi deux inspirations, logique et philologique, ont nourri la réflexion sur l'interprétation, développant deux modèles critiques différenciés propres à la modernité.

Dans la première modernité des XVe—XVIe siècles (Frühe Neuzeit), de Lorenzo Valla à Erasme, c'est un modèle philologique qui aboutit à l'émergence d'un esprit critique: la promotion du jugement singulier sur la tradition marque ainsi l'émergence de la conscience historique. La raison critique issue de la philologie, qui inspire encore les œuvres de Spinoza, Le Clerc ou Bayle, par son attention portée à la singularité historique, se distingue de la rationalité géométrique et logique de la modernité scientifique de Galilée et Descartes, qui écarte toute tradition textuelle de son interprétation de la nature au profit de la géométrisation. L'herméneutique générale (hermeneutica generalis), qui s'inscrit dans la perspective des traités de la méthode qui fleurissent à partir du XVIe siècle, a proposé un modèle d'analyse des discours conçus comme les pensées sur le mode de la genèse: elle envisage l'ensemble des manifestations sensées comme une logique ou sémiotique inversée (de J. Clauberg à G. F. Meier). Revenir sur la dualité de ces modèles herméneutiques ainsi que sur leur portée critique me paraît être une condition pour repenser le projet de "sciences de la culture" dans son exigence de produire une connaissance d'un objet singulier. A certains égards, on pourra suggérer comment la première modernité philologique a pu fournir des instruments intellectuels à la modernité scientifique, qui restent présents pour un Galilée, un Bacon ou un Newton. Si l'enjeu des sciences de la culture est bien la production d'un savoir et d'une argumentation sur le particulier, il est de première importance de revenir sur les tentatives méthodologiques de la première modernité en ce qu'elles ont tenté, avant la séparation ultérieure des domaines de la science et de l'histoire, de rendre intelligible et discutable les traditions.

Comprendre l'essor de la raison critique suppose donc d'envisager, à côté de la raison scientifique galiléenne, la philologie et sa remise en question des savoirs traditionnels. Le conflit d'interprétation devient, avec la première modernité et singulièrement avec l'éclatement confessionnel issu de la Réforme, le milieu d'exercice de la raison. La diversification des savoirs est ainsi solidaire d'une pluralisation de l'autorité. C'est pour faire apparaître cette dimension que je conduirai l'investigation jusqu'à l'accomplissement d'un projet explicitement critique avec Kant (qui cherche à penser la révolution newtonienne, mais en empruntant le motif critique à la philologie).

Opérations envisagées pour 2005—2006

Dans ce contexte, je compte achever la publication de la traduction commentée du De ratione cognoscendi Sacras Literas (La méthode pour connaître les Saintes Ecritures) issu de la Clavis Scripturae Sacrae de Mathias Flacius Illyricus (1567) préparée avec Philippe Büttgen (CNRS, Mission Historique Française en Allemagne de Göttingen) et développée au cours d'un séminaire commun à l'EPHE (Ve section) entre 1999 et 2002. La traduction paraîtra en 2005 dans la collection "Opuscules phi" des Presses Universitaires du Septentrion à Lille.

Au cours de mon séjour, je pense enfin publier un volume intitulé Critique et herméneutique qui présente les résultats de mes recherches en ce domaine, depuis l'élaboration d'une méthode d'interprétation rigoureuse dans le contexte de la Réforme avec la Clavis de Flacius, aux formalisations d'une herméneutique logique à l'Âge classique ainsi qu'au développements de l'herméneutique scripturaire et de l'Ars critica, jusqu'à l'essor d'un "siècle de la critique" qui hésite entre le modèle philologique, gagé sur la particularité du texte, qui fonde la critique historique notamment dans l'Ecole de Göttingen, et le modèle sémiotique, qui marque encore la Critique kantienne.

Un projet de journée sur le thème Philosophie und Philologie in der Frühen Neuzeit sur la pensée de la philologie aux XVe—XVIe—XVIIe siècles est également à l'étude, qui pourrait déboucher sur une publication.

Hermeneutik und Methode: Zwischen Logik und Philologie

Die Erneuerung der hermeneutischen Geschichtsschreibung in den letzten Jahren hat zu einem besseren Verstehen der methodologischen Leistungen der Hermeneutica generalis geführt. In ihren Anfängen galt sie als Teil der Logik, mit einem genauen Erkenntnisinteresse. Neben dieser philosophischen Bestimmung gab es in der Frühen Neuzeit eine Vertiefung und Präzisierung der philologischen Mittel, die auch zu einer verbesserten Kenntnis von Geschichte beitrug. In der Theologie, dem Recht und der Philologie wurden Methoden entwickelt, welche erlaubten, die traditionellen exegetischen Regeln kritisch zu reflektieren. Die rein philosophische und die philologische Inspiration der Hermeneutik haben also zu zwei differenzierten, leicht konkurrierenden Modellen der kritischen Vernunft geführt. Ziel dieses Projektes soll sein, diese Spannung darzustellen, die auf zwei verschiedenen Auffassungen von Rationalität fußen. Dabei wird versucht, die noch heute aktuelle Tragweite dieser Debatte für unser Verständnis der Geistes- bzw. Kulturwissenschaften zu zeigen.

Die Entstehung der kritischen Vernunft richtig zu verstehen setzt also voraus, dass neben der galileischen Revolution und ihrem Vernunftmodell auch dasjenige der Philologie betrachtet wird. Die humanistische Philologie zielte nämlich nicht nur darauf, Veraltetes, Verlorenes oder Beschädigtes wiederherzustellen, sondern untersuchte dabei auch, was an diesem alten Wissen noch sinnvoll war. Interpretationskonflikte bestimmten, insbesondere nach der Reformation, die Vernunftausübung. Mit der Vervielfältigung des Wissens ändert sich auch die Auffassung der Autorität, die bis zu Kant führt, bei welchem schließlich beide kritischen Modelle, das logische und das philologische, zusammenfließen.

Projekte 2005/2006

Geplant ist die französische kommentierte Ausgabe von De ratione cognoscendi Sacras Literas (La méthode pour connaître les Saintes Ecritures) aus der Clavis Scripturae Sacrae des Mathias Flacius Illyricus (1567) in Zusammenarbeit mit Philippe Büttgen (CNRS, Mission Historique Française en Allemagne de Göttingen) auf der Basis eines gemeinsamen Seminars an der EPHE (Ve section) zu Paris zwischen 1999 und 2002. Die Übersetzung soll 2005 in der Reihe "Opuscules phi" bei den Presses Universitaires du Septentrion in Lille erscheinen.

Eine Tagung mit dem Titel Philosophie und Philologie in der Frühen Neuzeit findet vom 20. bis 22. Juli in Zusammenarbeit mit Fosca Mariani Zini und Friedrich Vollhard (Projekt B7) statt.

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